#MercrediFiction #3.26
Deux jours plus tard, Emma est pressée d’aller se coucher. Jules lui rappelle que ça ne sert à rien de se coucher comme les poules puisque les autres ne seront sûrement pas endormis encore.
– Arrête de courir partout, tu n’arriveras pas dormir après…
– Mais j’y peux rien moi, je choisis pas !
– Je sais… tiens tu veux pas jouer plutôt ?
– Jules ne lui donne pas de mauvaises idées… si elle plonge dans un jeu maintenant elle n’en sortira pas à temps, tu le sais…
– Oui Enzo mais au moins elle sera calme !
Emma sort sa console et commence à jouer. Ce qui est assez drôle, il faut l’avouer. Elle tire la langue quand elle se concentre, elle se penche à gauche ou à droite, elle bouge la console dans tous les sens comme si le jeu allait faire exactement ce qu’elle voulait… Par chance pour Jules et Enzo, elle n’a pas choisi un jeu violent… mais un jeu plutôt doux.
Finalement elle s’endort sur sa console. Enzo enlève sa console et la branche. Il lui lit doucement le texte qu’il a écrit afin de définir les grandes lignes comme toujours.
Il ne change pas la foret et le temps doux.
Emma arrive, elle y voit des sapins et des chênes. Elle y trouve une petite cabane où Mallow l’attend. Elle entre. Une grande pièce avec un lit et une cheminée. Elle ressort et rencontre les personnes.
– Tu as besoin d’aide pour déblayer un peu ?
– Oh oui tiens !
Et ils se mettent tous à couper les arbres et planter des graines puis les arrosent. Emma se dit qu’elle va essayer de trouver la mine afin de pouvoir vendre des pierres précieuses.
– La mine ?
– Oui il y a une mine au nord.
– Emma… ce n’est pas un jeu ici, concentre toi…
Emma réfléchit. Elle a beaucoup de mal à se concentrer.
– On a besoin de quoi ?
– Une table ? Des chaises ? Du café ?
Emma ferme les yeux et imagine un temps ensoleillé avec une grande table et des chaises et un mug de café pour chaque place. Elle ouvre les yeux et la table, les chaises et les mugs sont bien là.
Tout le monde prend place.
– C’est incroyable ! Comment tu fais ça ?
– Je sais pas… j’imagine juste et c’est là. Je sais pas trop comment ça marche.
Mallow se pose sur les genoux d’Emma et ronronne doucement. Elle se sent plutôt bien comparé à la première fois. Mais elle n’a pas conscience qu’elle est dans un rêve. Les autres en ont parfaitement conscience cependant…
Ils commencent à parler de tout et de rien. Puis certaines personnes s’effacent doucement. Emma reste seule avec Mallow un petit moment puis il vient lui patouner le visage. Elle se réveille lentement à son tour.
Elle court retrouver Jules et Enzo qui se sont endormis.
– Alors ? C’était bien là hein ?!
– Emma…
– Bah quoi ?
– On va regarder ça…
Finalement c’était même pas mal du tout. Il reçoit par mail toutes les histoires et elles correspondent toutes : une forêt, il y a une cabane, il fait beau, ils commencent à travailler, puis ils recentrent Emma et ils parlent autour d’une grande table et d’un café. Emma a réussi à faire apparaître une grande table et des chaises. Visiblement ça a impressionné tout le monde.
Les discussions rapportées sont aussi identiques pour la plupart. Elle avait réussi.
Enzo voulait retenter l’expérience mais sans présenter les personnes avant à Emma. Sans lui en parler plus que ça non plus. Il attend qu’elle se remette de cette nuit là, parce qu’il sait qu’elle est moralement affectée et qu’elle a du mal à s’en remettre aussi, même si elle prétend le contraire. Puis, deux nuits plus tard, il branche Emma. Elle lui pose des questions comme toujours, et comme toujours il reste évasif.
Elle s’endort doucement avec son gros chat. Pour une fois, il n’y a aucune ambiance déterminée. Enzo veut savoir jusqu’où peut aller l’esprit d’Emma. Il a quand même appelé Jérôme pour la rejoindre afin que ça ne devienne pas un bain de sang.
Elle est dans un jardin, il neige. Jérôme arrive.
– Oh, tu es là, ça fait longtemps…
– Oui, je devais laisser les expériences se passer.
– Techniquement je crois qu’il en fait encore une là.
– Oui mais aujourd’hui je suis là. Tu n’as pas froid comme ça ?
Elle regarde ses pieds… Des bottes, ses jambes sont à l’air libre, tout comme ses bras. Elle rougit. Elle ferme les yeux et s’imagine en jean avec un gros pull. Elle réouvre les yeux.
– Mieux ?
– J’appellerais pas ça mieux mais si tu n’as pas froid c’est l’essentiel.
– Je ne ressens jamais le froid ici… enfin si mais c’est différent. Je sais qu’il fait froid mais je n’ai pas froid. Je sais qu’il fait chaud mais je n’ai pas chaud.
– Je sais.
– On attend quoi ou qui du coup ?
– Je ne sais pas.
Elle regarde autour d’elle, elle voit Mallow en train de jouer dans la neige.
– C’est étrange qu’il soit là, tu ne trouves pas ?
– Comment ça ?
– Habituellement dans nos rêves il n’est pas là…
– Habituellement c’est un cauchemar que tu apaises et je pense que c’est toi qui fait le décor, non ?
– Pas faux.
Elle jette à nouveau son regard. Elle voit une forme à l’horizon. Elle tremble, elle reste calme mais est terrifiée.
– Je…
– Emma… qu’est-ce qu’il y a ?
– Je… derrière toi
– Je ne vois rien, reste calme et décris moi ce que tu vois.
– Une masse qui s’approche lentement, comme un ours debout… ou une grosse bête… Sombre.
– Contre-jour normal que tu ne vois rien de plus, ce n’est rien.
Jérôme se retourne et voit enfin cette chose s’approcher. Elle semble immense. Tellement grande.
Emma tremble de plus en plus, sa gorge est sèche, elle a du mal à parler. Jérôme prend un peu de neige et le lui donne à manger doucement.
Emma prend un peu de neige en bouche, relève les yeux puis explose de rire. Il ne comprend toujours pas ce qu’il se passe. Il se retourne et comprend alors pourquoi son rire de soulagement.
En effet, cette masse qu’elle voyait au loin n’était rien d’autre qu’une dame très très grande. Elle ressemblait beaucoup à une barbare qu’on peut choisir dans les jeux vidéo. Emma essaie de se calmer afin que la grande dame ne pense pas qu’elle se moque d’elle… mais c’est un peu tard. Elle arrive en brandissant une hache énorme.
– TU TE MOQUES DE MON ALLURE PETITE SOURIS !
– Houla non, pas du tout, mais mon imagination m’a joué un tour.
– EXPLIQUE AVANT QUE JE NE TE METTE EN PIECES !
– Au loin je n’ai vu qu’une masse énorme et sombre, à contre-jour… Et j’étais terrifiée…
– TU OSES DIRE QUE JE NE TE FAIS PAS PEUR ?
– Non, tu es une dame charmante, pourquoi devrais-je avoir peur ?
– J’AI UNE HACHE A LA MAIN !
– Oui, mais si tu avais dû nous tuer on serait déjà morts.
– Ah oui tu as raison. Tu aimes vraiment mon costume ?
– Ah oui il est très réussi… Diablo ?
– Oui, comme on ne s’est jamais vues il fallait que je trouve quelque chose que tu connaisses pour m’identifier.
– Ça marche plutôt bien !
Et ils discutent tous les trois. Personne d’autre n’est venu cette nuit là…
Emma se réveille doucement. Elle ne peut pas s’empêcher d’aller sauter sur le lit d’Enzo.
– J’ai vu une madame c’était une barbare et elle était trop cool en plus !
– Emma… calme-toi laisse moi me réveiller…
– Tiens ton café ! Mais du coup je sais qu’elle s’appelle Vittoria mais c’est tout… Je sais pas à quoi elle peut ressembler en vrai.
– Tu n’as vu qu’une personne ?
– Oui elle.
– Juste elle ?
– Que je connaissais pas oui.
– Tu connaissais qui ?
– Jérôme mais tu le sais, il m’a dit que tu savais.
Emma raconte son rêve, sa peur et son soulagement. Enzo semble cependant assez préoccupé…
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