#MercrediFiction #4.2

Plus elle se posait de questions et plus les questions se faisaient nombreuses et moins les réponses se faisaient présentes.

Lou avait toujours été seule, elle n’avait jamais eu besoin des gens pour vivre ou survivre. Elle avait bien tenté quelques fois de se rapprocher des humains, mais ça n’avait pas marché.
Elle ne connaissait pas grand-chose aux relations sociales. Elle n’avait jamais compris pourquoi les gens posent des questions s’ils ne veulent pas entendre les réponses. Elle ne comprenait pas pourquoi les gens ne pouvaient simplement pas laisser les autres être heureux. Et elle comprenait encore moins la haine pour des sujets qui ne concernent que les gens eux-mêmes.

Et en ce moment, elle ne comprend toujours pas ce qu’il s’est passé. Elle n’arrive pas se souvenir… elle a des sortes de flash… ses parents, elle était petite mais déjà seule.

Elle se souvient du soleil, des flocons de neige et des gouttes de pluie sur son visage, elle se souvient du vent, de l’air frais, de l’effet que lui faisait le soleil qui se couchait. Elle ne ratait jamais un seul couché de soleil. C’était peut-être une des rares choses qui la faisait se sentir humaine.
Elle se souvient de la fourmilière qu’était Paris, les gens qui entrent et sortent du métro, des voitures qui dansent au pied de l’Arc de Triomphe. Elle se souvient de ces gens gris, sans expression sur leur visage. Elle se souvient qu’elle s’est toujours sentie différente et mal à l’aise avec ce flot de personnes qui l’emportait chaque jour.

Et puis le trou noir, elle se souvient juste d’une explosion… et puis elle se réveille dans ces cendres.

Les trois enfants regardent la jeune femme en attendant que des mots sortent de sa bouche.

– Vos parents étaient avec vous ?
– Oui… mais ils sont partis pour voir si y avait des survivants…
– Et ils ne sont jamais revenus…
– Non jamais.

Les deux petites filles commencent à sangloter.

– Hey les M&M’s, pleurer ne vous apportera rien.
– Tu pleures jamais toi ?
– Si… bien sûr que si… Mais jamais devant témoins.
– C’est quoi des témoins ?
– Un témoin c’est une personne qui est présente et qui peut constater des faits.

Les petites filles sèchent leurs larmes et commencent à caresser Tertone qui se laisse approcher.

– Bon je vous le confie, je reviens, il faut que je trouve d’où venait l’autre voix qui m’a appelée.
– Mais y a personne ici à part nous…
– Ouais je sais… mais y a eu une voix d’adulte…

Lou ressort du trou et commence ses recherches.

– Y a quelqu’un ? Bougez les planches que je vous trouve !

Mais rien. Elle avance un peu… Elle a l’impression d’entendre quelque chose… Comme une mélodie. De la musique, oui elle entend de la musique. Elle se rapproche de plus en plus… Et elle s’arrête. Elle recommence à crier. La musique s’arrête.

La jeune femme commence alors à remuer les cendres, enlever tout ce qu’elle peut de débris, elle cherche s’il n’y a pas un autre trou… et après de longues minutes… elle trouve enfin une planche qui se bouge et qui laisse entrevoir un trou.

– Hey, y a quelqu’un ici ?

Aucune réponse mais elle distingue des chuchotements…

Elle décide de descendre avec la corde qu’elle a emportée avec elle.

Dès que ses pieds touchent le sol, elle sent une force dans son dos qui la tire et lui glisse un couteau sous la gorge.

Elle tente de rester calme malgré la panique qui s’empare d’elle. Elle se laisse guider par l’inconnu, sans geste brusque, sans bouger, sans rien dire.

– Tu es qui ? Tu veux quoi ? Y a plus rien à voler ici, tes potes sont déjà venus.
– Lou, je suis Lou et je cherche des survivants, j’ai trouvé des enfants, seuls et livrés à eux-mêmes…

L’homme relâche son emprise…
Lou regarde autour d’elle, la cave est presque identique à celle des enfants… sauf qu’ici il n’y a que des adultes et des cadavres. L’odeur de la mort arrive aux narines de la jeune femme… Elle vomit.
En se relevant, elle observe une porte tout au fond dans la pénombre.

– Où mène cette porte ?
– On sait pas…
– Vous avez jamais essayé de l’ouvrir ?
– En réalité… nous n’avions même pas remarqué qu’il y avait une porte. Au fait moi c’est Jo. Lui c’est Ben, et elle Elise. Les enfants… Ils sont vivants ?
– Ouais…

Lou s’avance vers la porte et tente de l’ouvrir… Elle s’ouvre sans difficulté.
De l’autre côté une autre cave. Les vivres sont toujours présentes.

– Prenez vos sacs, remplissez ce que vous pouvez et on avance.

Elle choppe un vieux paquet de M&M’s qui trainait sur les étagères et une boite de Pringles hot and spicy. Elle ouvre la boite de Pringles et en prend un. Elle se souvient qu’elle aimait ça. Elle en partageait souvent avec son meilleur ami. Matthias. Il s’appelle Matthias… peut-être qu’elle le retrouvera derrière une de ces portes…

Elle continue d’avancer.
Elle ouvre une autre porte, puis une autre. Pendant ce temps, les trois compères remplissent les sacs qu’ils ont avec les vivres qu’ils trouvent.
Elle continue son chemin, ouvrant porte après porte… et… elle en pousse une dernière…
Elle entend des cris stridents.

– Du calme les nains, c’est juste moi.
– On savait même pas qu’il y avait une porte ici…
– Tenez M&M’s, j’vous ai ramené ça…

Lou jette aux petites filles le paquet de M&M’s qu’elle a trouvé un peu plus tôt. Les petites filles ouvrent le paquet et en prennent un… Puis un second et un troisième… visiblement elles aiment bien les M&M’s qu’elles ne connaissaient pas. Léo plonge sa main dans le paquet pour en sortir une petite poignée.
La jeune femme ne savait pas trop comment faire avec les enfants, mais elle avait ce sentiment qu’elle leur a fait plaisir avec trois fois rien dans un monde beaucoup trop noir pour eux.

Mais les questions revenaient à la charge dans sa tête… Comment c’est possible que des enfants ne s’amusent pas à ouvrir une porte ou découvrir ce qu’il y a dans une pièce ? Quelque chose cloche… C’est pas logique.

Cependant il n’y avait qu’une porte, plus d’autre porte à pousser, c’était fini.

Les trois adultes remplissent les étagères des enfants et posent leur campement pour la nuit.

– Personne n’a vraiment jamais vu ces portes ?
– Non…
– C’est bizarre quand même…
– Mais si elles étaient là on aurait dû les voir !
– Oui c’est bien ce que je me dis…

Pourquoi les gens ont-ils commencé à voir les portes quand Lou leur a fait remarquer qu’elles étaient là ? Et ces voix d’adultes qu’elle a entendues, où sont-elles ? Plus elle avance et plus les questions se bousculent dans sa tête… et pour l’instant aucune réponse en vue.

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hackorn
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Un peu magique, un peu trash, un peu tout, surtout rien.

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