#MercrediFiction #3.7

Emma se réveille dans les bras d’Enzo qui s’était endormi également, elle le regarde dormir, il a le sommeil léger, il ouvre un œil. Elle lui sourit, regarde l’heure.

– Et merde… j’suis à la bourre…
– Moi aussi… En retard pour être en retard… je te fais un café ?

Emma passe vite fait sous la douche, enroule une serviette autour d’elle.

– Si tu veux prendre une douche vas-y, je me prépare dans ma chambre.
– J’ai pas de rechange…
– C’est bon, tiens j’peux te filer un t-shirt, ils sont larges donc tu rentres à l’aise dedans… pour le slip kangourou pas besoin c’est mieux d’avoir les couilles à l’air de toute façon.

Enzo éclate de rire et file prendre une douche. Pendant ce temps, Emma s’habille vite fait, se maquille vite fait aussi et passe un coup de brosse dans ses cheveux. Elle n’oublie pas la caresse à Mallow et prépare le café.
C’est une cafetière italienne, le café se fait assez vite et il est assez fort, avec une bonne tasse elle devrait pouvoir tenir un peu la journée en attendant la sieste.
Enzo sort de la douche, Emma sert le café dans deux mugs. Elle le regarde en buvant son café, par-dessus la tasse, en souriant. Il fait de même. Parfois, ces longs silences peuvent mettre mal à l’aise, quand personne ne sait quoi dire et que tout le monde regarde ses pieds. Ici, le silence était apaisant. Un échange de regards qui se fait comprendre, sans mot. Un échange de sourire qui veut tout dire, sans mot. Un moment de partage sans maux.
Ils finissent leur café, Emma se lave les dents vite fait, prend Mallow et sort avec Enzo qui la suit de près. Il l’accompagne jusqu’à l’épicerie du vieux Michele.

– Bon… à ce soir ma chérie, travaille bien !
– Oui, à ce soir mon Choupinou !

Ils rient de leur bêtise, même si au fond… ils expriment ce qu’ils ressentent et ce qu’ils aimeraient.

Emma rentre, dit bonjour, s’excuse pour le retard et se met au travail.

– Dis-moi, Piccolina, tu faisais quoi avec Enzo ?
– Il m’a raccompagnée hier soir… et on s’est endormis.
– Juste endormis ?
– Oui ? Pourquoi ?
– Parce que c’est un dragueur, un beau parleur et je n’ai pas envie qu’il fasse avec toi ce qu’il fait avec toutes ses conquêtes.
– D’accord, t’inquiètes pas, il n’y a strictement rien eu.

Emma a du mal à contenir ses larmes. Elle savait que ça ne serait pas possible, mais elle aurait voulu y croire un peu plus. Juste un peu. Mais il fallait s’y attendre, accrocher aussi vite avec quelqu’un c’était pas une habitude chez elle. Elle prendra ses distances et tout ira bien.

Elle se remet au travail quand Ernesto arrive.

– Désolé, j’ai dû attendre Enzo, je sais pas où il a passé la nuit, mais il était en retard ce matin… toujours à vagabonder.
– Je… il était avec moi.
– Avec toi ? Je vais…
– On a juste dormi. J’avais pas envie d’être seule.
– D’accord… ça va ?
– Oui… et toi alors ? Tu es rentré avec les trois ? Elles étaient pas rentrées ce matin.
– Non juste Sophie.
– La grande ou la petite ?
– La grande !
– Mes félicitations !
– Non mais non !
– Si je le vois dans tes yeux, tu as fait du zizi avec la grande Sophie !

Emma se moquait gentiment d’Ernesto et il lui rendait bien. Elle trouvait ça bien qu’Ernesto trouve une amie, ou un peu plus qu’une amie, en Sophie.

– Tu verras, Sophie elle est cool.
– Oui j’ai vu ça… et inventive aussi !
– Je ne veux pas savoir les détails ! Dis… tu sembles jaloux que j’ai passé la nuit avec Enzo… pourquoi ?
– Non pas jaloux… un peu trop protecteur peut-être.
– Pourquoi ?
– Ce n’est pas quelqu’un pour toi.
– Pourquoi ? Pourquoi je ne déciderai pas ce qui est bien pour moi ou pas ?
– Je… Enzo n’est pas une personne stable.

Ernesto lui raconte qu’Enzo est une personne qui est très gentille, cependant il a tendance à s’attacher fortement aux gens. Un peu trop parfois. Ils préfèrent donc qu’il ne s’attache pas trop. Pour éviter de faire du mal non seulement à lui mais également à son amie.
Emma acquiesce timidement et se remet au travail. Toute la journée, elle ne pensait qu’à Enzo et à cette nuit. C’était comme s’ils avaient leur monde, leur bulle. Elle se demandait s’il faisait ça avec toutes les filles, s’il était vraiment le beau parleur que Michele prétendait… Elle avait lu dans ses yeux, ils semblaient tellement sincères… Et puis, même s’il semblait à l’aise avec les gens, il avait toujours une certaine réserve, un certain filtre… qu’il a fait tomber lorsqu’ils se sont retrouvés tous les deux. Il n’avait pas eu un geste déplacé, pas une parole déplacée. Il lui a simplement permis de penser à autre chose le temps d’une nuit. Il a chassé les cauchemars et mis un joli rêve à la place. Alors même si c’est temporaire, même si ce n’est pas aussi réel pour lui que pour elle, Emma avait au moins eu une jolie nuit.

Elle ne pouvait pas s’empêcher d’y penser. Elle avale une pomme vite fait vers 13h, prend son chat pour le déposer chez elle et, au lieu de rester faire la sieste, elle redescend les escaliers… il fallait qu’elle sache. Elle ouvre la porte du bas en trombe et tombe nez à nez avec Enzo… qui s’était dit la même chose. Il la fait entrer, la regarde dans les yeux tout en refermant la porte. Il pose sa main sur le visage d’Emma et s’approche d’elle lentement sans la quitter des yeux. Emma se rapproche d’Enzo et touche ses lèvres. Un baiser timide qui se transforme en baiser passionné.
Enzo la regarde, elle lui sourit.

– Ils m’ont dit que…
– Je sais… ils m’ont dit pareil.
– Quoi ? Mais ils t’ont dit quoi sur moi ?
– Qu’il ne fallait pas que je m’attache à toi, que tu n’étais pas la femme d’un seul homme…
– Comment… comment peuvent-ils savoir ? Me connaître ? Ils savent rien de moi…
– Je sais Emma… Moi non plus je ne sais rien, mais je vois.
– J’ai pas rêvé alors, toi, tes yeux, ton regard…
– Les yeux ne mentent jamais ma puce…

Emma et Enzo montent les marches, s’installent dans la chambre d’Emma et commencent à parler de tout ça calmement. Toujours avec des sourires, des regards et des gestes de tendresse.

Emma lui raconte comment elle est arrivée à Lecce, pourquoi elle l’a fait. Ce que ça représentait pour elle. Elle lui raconte comment ils l’ont tous accueillie, qu’elle a l’impression de vivre un rêve, qu’elle ne comprend toujours pas pourquoi…

Enzo lui raconte son enfance difficile, il n’avait jamais raconté ça à personne, mais il savait qu’il pouvait tout lui dire, à elle. Ernesto a toujours été trop protecteur avec lui, mais aussi trop séducteur. Souvent, lorsqu’Enzo ramenait une amie à la maison, Ernesto couchait avec, comme s’il s’agissait d’un concours. Enzo était blessé par tout ça… et puis il y a eu la Mafia, très présente en Italie du Sud, mais il ne voulait pas entrer dans les détails. Pas ici, pas maintenant.

Elle n’osait pas lui raconter son passé. Pas aussi loin. Mettre des mots sur ce qu’elle a vécu était encore difficile pour Emma. Mais elle lui promet d’essayer un jour, de coucher ça sur du papier et de lui faire lire son passé.

16h, le temps passe trop vite…

– Je dois y retourner…
– Moi aussi…
– On se voit ce soir ?
– Ok… file moi ton téléphone.

Enzo tend son téléphone à Emma sans trop comprendre ce qu’elle veut en faire.

– Dévérouille-le quand même !
– Ahahah oui tiens !

Emma entre son numéro dans le répertoire d’Enzo.

– Tu chercheras à quel nom je l’ai mis si tu veux m’appeler.
– Merci petite puce…

Enzo envoie un message à Emma

Ce n’était pas bien difficile de te trouver, tu es la seule à mes yeux. Et maintenant tu as aussi mon numéro.

Emma rougit et, dans un dernier baiser, chacun se met en chemin vers son travail, une petite boule au ventre. Une envie de ne pas quitter l’autre… Une envie de câlins et de tendresse.

Ce soir… ce soir ils se retrouveront pour un peu plus longtemps. Mais elle sentait que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Elle ne savait pas dire quoi. Visiblement il sentait lui aussi… Ils se retournent..

– Prends soin de toi hein ?!
– Promis… fais attention à toi hein ?!
– Promis.

Emma avait cette boule au ventre qui ne la lâchait pas… Sans comprendre pourquoi elle savait qu’il allait se passer quelque chose. Mais elle ne savait pas encore quoi ni quand…

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hackorn
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Un peu magique, un peu trash, un peu tout, surtout rien.

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