#MercrediFiction #3.20
Emma se demande comment il était possible de détruire la MAFIA avec ce “don”.
Elle continue son travail de réflexion pendant qu’elle monte des PC. Pas spécialement intéressant vu que tout le matériel donné par l’homme au chapeau est neuf, mais ça paie le loyer.
Elle a toujours aimé refaire le monde. Mais aujourd’hui, ça a beau être concret, elle n’arrive pas. Peut-être est-ce trop réel pour elle ? Son imagination n’a aucune limite… mais lorsque ça devient réel, peut-être ne voit-elle que les barrières qui se dressent devant elle ?
Mallow reste sage, à venir chercher des caresses de temps en temps, lui offrant des ronrons de temps à autre…
Ernesto la surveillait de près au cybercafé. Il s’inquiétait pour elle. Le vieux Michele avait été clair à ce sujet : il fallait la protéger, elle n’y arriverait pas seule. Pas avec tout ce qu’il se passe. Mais Emma ne voyait pas ça du même œil… pourquoi protéger une personne ? Tout le monde meurt un jour, elle n’a jamais eu besoin de qui que ce soit, ça n’allait pas commencer aujourd’hui. Alors il restait là, à la surveiller discrètement. Mais Ernesto n’était pas seul… Enzo, Jules et Jérôme veillaient aussi sur elle. Elle n’aimait pas vraiment ça… Mais avait-elle le choix ?
Emma est toujours pressée de rentrer chez elle… Son boulot n’est pas le meilleur du monde, mais ce n’est pas le pire non plus. Et bien qu’elle s’y sente pas trop mal, elle aime retrouver sa petite bulle, chez elle… avoir son havre de paix.
Enzo s’interroge de plus en plus… pourquoi elle ne parle jamais de son passé ? A-t-elle quelque chose à cacher ? Même si tout le monde a sûrement quelque chose dont il ne veut pas parler… être silencieuse à ce point c’est étrange non ?
Jules, quant à lui, sait ce qu’Emma cache, il sait ce qu’elle a vécu et il comprend qu’elle ne veuille pas en parler… pas comme ça, pas tout de suite, pas avec des inconnus…
Elle rentre, Jules et Enzo sont déjà là. Jérôme n’est pas arrivé mais il ne viendra visiblement pas. Enzo compte continuer les expériences avec d’autres personnes. Il veut déterminer si Emma les fait venir dans ses cauchemars ou si c’est Jérôme qui le fait… Ou si, tout simplement, c’est un lien qui n’existe qu’entre eux deux.
Enzo avait déjà préparé d’autres expériences avec des personnes qu’Emma ne pouvait pas connaître. Des personnes de tout âge, de tout genre, de tout milieu social.
Il fallait cependant laisser un peu de temps à la jeune femme. Trop d’émotions d’un coup ce n’est jamais très bon pour elle.
Quelqu’un sonne à la porte…Jules ouvre. L’homme au chapeau entre.
– Bonsoir Emma.
– Bonsoir.
– Comment ça va au cybercafé ?
– Ca va. Je crois que ça va.
– Ils te posent des questions ?
– Non aucune et j’ai appris à ne plus en poser.
– C’est dommage, ton côté curieuse me plaît bien… Messieurs pourriez-vous nous laisser s’il vous plaît ?
Jules et Enzo ne semblent pas enthousiastes mais s’exécutent.
– Si ça va pas, appelle.
– Promis Jules… ça ira.
Les deux hommes sortent de l’appartement.
– Emma…
– Monsieur au grand chapeau…
– Ahah oui on m’a parlé de ton humour !
– Mais…
– As-tu compris qui tu étais ?
– Bah Emma…
– Je t’ai apporté ce livre. Lis le. Seule. Quand tu pourras. Ne le laisse à personne d’autre. Ne le laisse pas sans surveillance… et quand tu auras fini de le lire, tu me le retourneras.
– Jules et Enzo ?
– Non, juste toi.
– Pourquoi je te ferai confiance ?
– Pourquoi ne pas me faire confiance ?
– Parce que les humains ne sont pas dignes de confiance.
– Je me dis la même chose, c’est pour ça que je t’amène ce livre à toi et pas à tes camarades.
– Pourquoi me faire confiance alors ?
– Parce que tu es Emma… parce que tu ne t’en souviens pas mais on s’est déjà vu. Parce que petite tu étais déjà toi, que tu ne changes pas.
– En même temps j’suis pas bien grande.
– Ah ah ah oui, mais tu as très bien compris ce que je voulais dire. Non ?
– Pas trop… je sais que je suis pas comme les autres mais je comprends pas ce qui cloche chez moi.
– Tu es sincère et honnête et toi… toi tu ne sais pas faire autrement, tu ne sais pas faire semblant et tu as le don de révéler les gens tels qu’ils sont réellement. C’est ce que tu as fait avec moi déjà petite.
Emma rougit… elle ne se souvient pas vraiment de ça. Alors il continue.
– Tu devais avoir 6 ou 7 ans. Tu savais déjà ce que tu voulais faire de ta vie.
– Me perdre dans les montagnes…
– Avec ton chat oui…
– Déjà à l’époque… et oui ça n’a pas changé.
– je t’ai demandé pourquoi… enfin Emma… lis ce livre. Je l’ai écrit à la suite de notre rencontre ce jour-là.
Il lui tend un petit livre. Il n’était pas très épais. Emma avait soudainement hâte de le lire. Il fallait qu’elle sache comment cet homme la voyait… et si elle n’avait vraiment pas changé.
Mais s’il s’était trompé ? Si ce n’était pas elle ? Si c’était une autre Emma ? Comment était-ce possible ? Pourquoi n’en avait-elle aucun souvenir ?
– Je sais à quoi tu penses…
– Je…
– Oui Emma, je suis sûr et certain que c’était bien toi…
– Mais comment ?
– Ton regard. Ton regard reste le même. Doux et expressif. Il n’y en a qu’un comme celui-là, et c’est le tien.
Emma rougit. Les deux hommes reviennent dans l’appartement, Emma planque le livre dans son jean. L’homme au chapeau le remet sur sa tête tout en se relevant, il quitte la pièce.
– Emma, on se revoit bientôt… Messieurs…
Il fait un petit geste de salut avec son chapeau, le remet sur sa tête et se dirige vers la porte. Emma le suit.
– Je… Merci. Vraiment, merci.
– Tu n’as pas à me remercier, c’est moi… tu comprendras.
L’homme ferme la porte. Emma n’a pas le temps de plonger dans ses pensées que les deux garçons lui sautent dessus.
– Il voulait quoi ?
– Me parler juste…
– Emma… ce mec… arrête putain tu sais bien que tu t’attires toujours des ennuis ?
– On verra, de toute façon dans la merde j’y suis déjà alors je suis plus à ça près non ?
– Vu comme ça… Putain mais il voulait quoi ?
– Je te l’ai dit, me parler… de mon passé. Mais je m’en souviens pas.
– Il connait ton passé ?
– Visiblement… Mais moi j’en ai aucune souvenir… il faudra que je sache comment ouvrir ces morceaux de mémoire…
Emma se dirige vers sa chambre accompagnée de son gros chat Mallow. Elle se met à plat ventre sur son lit, Mallow se glisse dans le creux de son dos. Elle commence à lire le petit livre que l’homme au chapeau lui a donné. La couverture est sobre. Il est beige, sans titre, aucun nom d’auteur rien. Le beige devait être sûrement du blanc qui a pris de l’âge. Ce blanc vieillit par le temps.
Elle commence à lire, doucement, chaque mot a son importance. Les lettres manuscrites commencent à danser sous ses yeux. Les larmes lui montent assez vite aux yeux qu’elle essuie régulièrement…
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